Architecture de l'abbaye

 
 

Il est difficile de décrire en détail l’architecture de l’abbatiale. Peu de documents nous informent sur son édification. Les constructions s’élevaient en bordure de l’Eure à la limite de la frontière Normande. Leur situation est connue grâce au plan dressé par Delacroix en 1743 (voir image) et leur disposition grâce à une vue cavalière réalisée en 1687 qui est conservée dans le Monasticon Gallicanum*.(voir image) 

Même si la nef de l’abbatial y apparait totalement découverte à la suite des ravages causés par les protestants en 1563 nous pouvons connaître l’organisation des bâtiments par :

  • les plans des jardins établis par Drouin en 1677 (voir image) 
  • et ceux du logis des moines dressés par Gontard en 1776 dix ans après suppression de l’abbaye. (voir image 

Un incendie, dans la nuit du 23 au 24 avril 1804, ayant réduit les bâtiments de l’abbaye à l’état de ruine, il est difficile de décrire l’aspect de l’abbatiale. Les seules références que nous ayons et qui peuvent nous donner une idée de son ampleur sont :

les dessins réalisés en 1839 par Raymond Bordeau dans le cadre d’une étude sur les débuts de l’architecture gothique dans l’Eure parue dans la revue Connaissance de l’Eure  (voir image 1)    (voir image 2)  

et le seul élément restant visible de nos jours est le portail qui subsiste aujourd’hui.

En s’appuyant sur les descriptions faites par Don Legris correspondant de Bernard de Monfaucon au XVIIIe siècle et les analyses réalisées par Jean-Pierre Suau au XXe siècle nous pouvons décrire ce que pouvait être l’abbaye à son l’origine et ce qu’elle était devenue après sa reconstruction au début du XIIIe siècle.

Tout d’abord son tympan aujourd’hui disparu. Une colonnette, encore en place à gauche, indique que le linteau surhaussé reprenait un thème très usité en France au milieu du XIIe siècle : une suite de personnages comme à Chartres, au Mans ou à Saint-Loup de Naud. On pouvait ainsi y distinguer en haut en majesté le Sauveur donnant la bénédiction assis sur un trône. Il était entouré des quatre animaux évangéliste ailés qui tenaient sous leurs griffes un livre fermé.  Sur le linteau qui supporte cette scène figurait, assis, les douze prophètes, légèrement plus petits.

Les embrasements s’inscrivent dans le même registre que le linteau. Les pieds-droits de l’embrasement du portail forment trois retraites rectangulaires dont les angles étaient occupés par autant de statues cariatides d'un mètre soixante-dix centimètres de hauteur, supportant des chapiteaux. Un principe né à Saint Denis selon lequel les souverains, en quête de légitimité auprès de Dieu et pensant acquérir de lui, ou de ses Saints, pouvoir et protection afin d’accéder au paradis se faisaient représentaient en signe de dévouement.

Ainsi pour Ivry, Don Legris nous dit :

  • qu’à droite en entrant, à hauteur d’homme, figurait Roger d’Ivry fondateur de l’abbaye, coiffé d’un bonnet plat plissé couronné d’une couronne, qui tenait un rouleau symbole de la chartre de fondation. A ses cotés la statue d’une femme, toujours en place aujourd’hui, serait celle de son épouse Adeline. Sa tête est fruste, mais le nimbe est très apparent. De longues tresses descendent en avant des épaules. Des manches étroites et interminables tombent parallèlement aux plis serrés de sa robe qui semblent tracés avec un râteau. La troisième statue, ôtée pour faire place à un mur de la chapelle que fait bâtir Jacque de Poitiers en 1558, aurait été celle d’une femme sans que nous sachions laquelle. 
  •  Qu’à gauche l’embrasement comportait également trois personnages : un roi tête couronné avec une grande barbe et son sceptre ; un bienfaiteur âgé cheveux frisés avec, comme le fondateur, un rouleau à la main ; enfin un autre roi un livre à la main semblant donner sa bénédiction. Selon Don Legris il s’agirait du duc de Normandie Guillaume, roi d’Angleterre, et de ses deux fils Robert de Courteheuse et Guillaume Le Roux.

Mais en fait, une étude plus approfondie Bernard de Monfaucon, basée sur les détails architecturaux évoqués par Don Legris, révèle que la présence d’un bonnet côtelé et d’un phylactère sur la tête du personnage près de la reine indiquerait qu’il s’agirait de la représentation d’un prophète et non celle de Roger d’Ivry.

La reine, comme le roi bénissant située juste en face, étant nimbée il semble que l’ensemble représenterait plus vraisemblablement des rois, des prophètes et une reine bibliques symbole du pouvoir temporel et sacerdotal de l’Ancien Testament et annonciateur des thèmes du Nouveau Testament développés dans les voussures juste au-dessus.

Les chapiteaux supportés par les statues sont ornés de feuillages plats et de monstres qui montraient encore, selon Dom Blondeau en 1889, des traces de polychromie.

L'archivolte formé par l’ensemble des voussures s'encadre dans un large rinceau* contourné qui rappelle, avec plus de maigreur, celui de la porte Saint-Jean-Baptiste de la cathédrale de Rouen.

Vous souhaitez avoir une description des voussures cliquez sur icone Le portail ci-dessous.

Il subsiste çà et là, dans le terrain situé juste derrière le portail et dans certaines habitations privées, des vestiges de l'abbaye qui sont très difficilement visibles voir impossibles à voir. nous les avons photographié. Si vous souhaitez les voir cliquez sur le mot : vestiges et faites défiler les images.

 

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