23- La basse-cour militaire
Après avoir descendu le raidillon situé juste en face de la façade Sud de la tour d’origine, vous accédez à une première plateforme, pas très large mais assez longue, qui s’étend à votre droite et à votre gauche c’est la basse-cour militaire. L’originalité réside dans le fait que contrairement à la plupart des châteaux forts, la basse-cour militaire d’Ivry est placée en arrière de la partie basse-cour civile. Nul ne sait pourquoi. C’est peut être une raison chronologique. Au Xe siècle, le bourg d’Ivry au pied du coteau n’existait pas. Seuls quelques aménagements agricoles ou en liaison avec l’utilisation de la rivière Eure y étaient présents. Toute la population d’Ivry était, comme cela se faisait depuis des siècles, blottie autour ou sur une face d’une motte sur laquelle dominait le fort ou le château. En fait une organisation qui facilitait le refuge de la population dans l’enceinte fortifiée en cas de conflit. La basse-cour militaire à Ivry serait venue plus tard. Ne pouvant s’étendre au-delà de la basse-cour civile pour des raisons topographiques évidentes dues à la forme de l’éperon rocheux sur lequel est bâti la forteresse l’emprise de la basse-cour militaire aurait était prélevée sur la basse-cour civile juste au pied de la forteresse. A quel moment ? Sans doute à partir de l’année 1015 lorsque Hugues d’Ivry, fils de Raoul d’Ivry, fit renforcer les défenses du château. Etablie sur une longue bande de terrain surélevée par rapport à la basse-cour civile, elle s’étend de part et d’autre d’un chemin d’accès créé au moment des fouilles qui ont permis la résurrection de la forteresse. Au regard des vestiges encore apparents et des textes anciens nous pouvons décrire la basse-cour militaire de la façon suivante : A votre gauche, juste après le raidillon pentu, vous pouvez voir en faisant face au rempart de soutien de la partie seigneurial les traces d’une cheminée avec des tuileaux et des piedroits en stuc. D’époque tardive, certainement du XVe siècle, elle appartenait à un bâtiment qui abritait soit la capitainerie de la place soit l’aumônerie des abbés. Sous le sol actuel, quelques vestiges d’un dallage permettent de définir approximativement l’emprise de la construction. Elle s’étendait le long du flan Est de l’éperon, de la muraille à la cheminée jusqu’au soubassement d’un mur de refend qui marque un nouveau dénivèlement entre la basse-cour militaire et la basse-cour civile. Les restes d’un passage, certainement desservi par un petit escalier droit à l’époque, indique qu’il existait bien une communication entre les deux basses-cours à ce niveau. Toujours au niveau de l’emprise de ce bâtiment en avant vers le Sud, vous pouvez observer avec précaution au ras du sol (l’endroit est dangereux) les pourtours d’un puits qui fait plus d’un mètre de diamètre et près de soixante mètres de profondeur. Des recherches archéologiques effectuées en avril 2008 le long de la bande extérieure de la basse-cour militaire ont permis de mettre à jour un système de récupération d’eaux pluviales des toitures dont la canalisation semble se déverser dans ce puits.
Du côté droit, juste après le raidillon pentu, s’ouvre à vous une longue esplanade délimitée, du côté gauche par le dénivellement entre les deux basse-cours et du côté droit par la muraille de soutènement de la partie seigneuriale partiellement cachée par les éboulis et une abondante végétation. C’est dans cette première partie du talus que se trouve l’entrée d’une galerie qui s’enfonce sous l’esplanade Sud de la tour d’origine. Obstruée dans les années 1970 pour des raisons de sécurité, cette galerie reste un mystère quant à son utilisation. Certains disent qu’elle servait d’écurie, d’autres de lieu de stockage mais rien n’est prouvé. Pendant un moment on aurait pu penser qu’il s’agissait d’une galerie d’accès aux communs du château mais aucune autre issue ou autre débouché n’ayant été trouvé, le moyen de communication entre le niveau militaire et le niveau seigneurial reste inconnu. Un petit muret en appareil opus spicatum, forme une barre en travers. C’est une reconstitution faite au moment des fouilles ou peu après pour expliquer aux visiteurs comment étaient réalisés les murs au Xe siècle. Si à l’origine cette bande servait au campement des troupes (tentes ou abris sommaires) et au parcage des chevaux son affectation évolua très vite à partir du XIIe siècle date à laquelle la chapelle Saint Ursin, accolée au château, est partiellement détruite pour faire place à la gaine de défense et au donjon. En effet, des archives à la BNF mentionnent sur ce site sous la dénomination : chapelle Notre Dame des Anges la présence d’une nouvelle chapelle commune au seigneur et à la population de la basse-cour civile. Aucune fouille n’a permis, à ce jour, de trouver et de mettre à jour les vestiges des soubassements de cette chapelle mais ils existeraient dans ce secteur. En allant jusqu’au bout de cette bande vous pourrez voir sur votre droite, une bonne partie du rempart de soutènement de la partie seigneuriale.
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