Robert II de Normandie dit Robert de Courteheuse

 

 

Robert II de Normandie dit Robert de Courteheuse est né vers 1052 au château de Cardiff. Fils aîné de Guillaume le Conquérant, il hérite à sa mort en 1087 du Duché de Normandie mais se heurte très vite aux ambitions de ses deux frères cadets, Guillaume le Roux et Henri Beauclerc tous deux rois d’Angleterre sous le nom de Guillaume II et Henri Ier.

 
 

Robert II de Normandie

Robert ne participe pas à la conquête de l'Angleterre par son père en 1066, mais il est désigné comme son héritier dès 1063. L'année suivante il est chargé d'assister sa mère, Mathilde, dans le gouvernement du duché de Normandie pendant le séjour de Guillaume outre-Manche.

La rupture entre Guillaume et Robert intervient en 1077 à la suite d'un incident avec ses frères cadets Guillaume le Roux et Henri au sujet de la préparation d'une campagne dans le sud du Duché. Il s’en suit un période d’errance durant laquelle Robert trouve d’abord refuge auprès d’Hugues Ier de Châteauneuf (Chateauneuf en Thymerais), seigneur du Thymerais qui lui ouvre de nombreux châteaux dont celui de Rémalard, mais Guillaume le Conquérant, assiège et s'empare du château de Rémalard obligeant Robert à fuir.

 
 

Robert Courteheuse trouve d'abord refuge chez son oncle Robert le Frison puis à la cour du roi Philippe Ier de France, deux ennemis du duc de Normandie. Offensé, Guillaume le Conquérant va assiéger Robert dans son lieu de refuge mais  Robert tient son vieux père en échec. Dans un affrontement, ce dernier est blessé. Les deux hommes finissent par se réconcilier en 1080. Suite à quoi Robert reçoit des responsabilités en Angleterre aux côtés de son oncle Odon de Bayeux, mais il préfère s'exiler en 1083.

Robert ne réapparaît en Normandie qu'en 1087, après la mort de son père et que ce dernier lui ait attribuée le Duché de Normandie tandis que Guillaume le Roux recevait le Royaume d'Angleterre.

Très rapidement la tâche de Robert se trouve compliquée, dès la mort de Guillaume le Conquérant les principaux barons normands prennent le contrôle des châteaux en expulsant leurs garnisons ducales. Robert est décrit comme faible et indolent dès sa prise de pouvoir si bien que les guerres qui émaillent son début de règne, et que Guillaume avait su contenir, affaiblissent son autorité ducale : Guillaume de Breteuil  dispute le château d'Ivry-la-Bataille à son vassal Ascelin Goël, Robert II de Bellême rallume la vieille querelle entre sa famille et les Giroie et leurs alliés, les Grandmesnil tandis que le comte d'Évreux, Guillaume ravage les terres de Raoul II de Tosny.

Parallèlement la noblesse est partagée entre le soutien à Robert et le soutien à Guillaume le Roux. Des seigneurs incitent chacun des deux frères à s'emparer du domaine de l'autre.

En 1088, une coalition de barons tant anglais que normands se déclare en faveur de la réunion des deux parties sous la direction de Robert. La rébellion qui s’en suit échoue et place Guillaume le Roux en position de force et profite de la situation pour débarquer en Normandie avec quelques alliés barons normands. Les deux frères se réconcilient, le roi d'Angleterre acceptant même d'aider Robert à récupérer toutes les terres qu'il a dû concéder dans le Duché pour s'attacher des fidélités.

Par le traité de Caen les deux frères se désignent héritiers l'un de l'autre et en 1091 ils font rédiger, pour preuve de leur entente, un texte appelé « Consuetudines et Justitie ». Qui  rappelle les prérogatives du duc en Normandie, telles qu'elles existaient du temps de Guillaume le Conquérant.

Malgré cela les relations se dégradent à nouveau. Les termes du traité de Caen sont rapidement bafoués, et Robert le répudie en 1093. Provoquant la réaction du roi d’Angleterre qui à l’aide de nombreux partisans débarque à Eu.

Il faudra attendre 1096 pour qu’un nouvel accord intervienne entre les deux frères : Robert Courteheuse confie la garde du duché à Guillaume le Roux qui, en échange, lui offre 10 000 marcs d'argent, cette somme servant à financer le départ du duc Robert en croisade. 

 

Robert II de Normandie en croisade et en compagnie de Sybille de Conversano

 
 

Robert part en croisade en septembre 1096 d’où il revient, chargé de gloire, en 1099 après la prise de Jérusalem. Sur le retour il épouse Sybille de Conversano rencontré en Italie. De cette union naitra Guillaume Cliton.

Robert récupère son duché très vite mais la mort accidentelle quelques semaines plus tôt de Guillaume le Roux a profité à son frère Henri de Beauclerc  qui s’est emparé du trône d’Angleterre.

Frustré, Robert, poussé par l’évêque de Durham, et plusieurs barons monte une expédition pour prendre la couronne d'Angleterre à son frère Henri. En 1101, il débarque à Portsmouth où le roi d'Angleterre et ses fidèles accourent à sa rencontre. La diplomatie permet d'éviter l'affrontement et c’est par le traité d'Alton que Robert accepte de renoncer à sa prétention sur le trône anglais contre une rente annuelle de 3000 livres et la cession de toutes les possessions d'Henri en Normandie. Mais le traité devient rapidement caduc. De nouvelles entrevues sont organisées en 1102 et en 1104 pour tenter de réconcilier les deux frères mais la paix n'est que provisoire.

En 1105, le roi d'Angleterre débarque en Normandie. Il sait qu'il peut compter sur l'appui de nombreux Grands qui le considèrent comme leur seigneur. La bataille a lieu à Tinchebray en 1106. Henri inflige une défaite décisive à l'armée de Robert. Robert est capturé et emmené en Angleterre. Henri se proclame duc de Normandie et, conscient du danger, refuse de libérer son frère.

Après mainte transfères il est emprisonné à Cardiff au pays de Galles.   

Son fils, Guillaume Cliton, devenu majeur, il tentera en vain de récupérer le duché de son père mais il trouve la mort en 1128.

Robert de Courteheuse, toujours en captivité meurt en 1134 à l’âge de 80 ans.

Tombeau de Robert II de Normandie dans la cathédrale de Cloucester