Archère,meurtrière

 

 

Archère, archière, raière, meurtrière, arbalétrières, etc. sont des appellations multiples qui désignent le même élément architectural. En dehors du synonyme « meurtrière » chacun des autres termes se caractérise par une conception adaptée à l’arme utilisé.

  

        Principe d'une archère                Vue extérieure et intérieure d'une archère sur le mur du cellier au château d'Ivry

L’archère est ouverture verticale avec une fenêtre de tir étroite à l'extérieur (A) et une embrasure évasée à l'intérieur (B) permettant le tir d'arme à flèche (arc ou à l'arbalète)  tout en protégeant le tireur. Dans la majorité des cas elle est percée au niveau du sol intérieur des remparts et des planchers des tours afin de permettre de lancer des traits d'arbalète ou des flèches et de voir sans se découvrir 

Simple jour dans le mur fin Xe début du XIe siècle cet élément de défense  évolue considérablement jusqu’au XVe siècle en fonction du progrès des armes. 

 
 

Une conception adapter à l'usage conditionné par me type d'arme

Durant le XIe siècle l’archère est dans sa forme la plus simple avec une embrasure  simple mais profonde au fond d’une niche. Très vite ce système est apparu peu efficace, le tireur ne pouvant pas viser avec précision à la fois le passage dans l’étroite embrasure et l’objectif à atteindre. Aussi dès la fin du XIIe début XIIIe  siècle le dispositif fut progressivement amélioré par :

  • La diminution de la longueur inutile de l’embrasement afin de rapprocher le tireur et de faciliter son angle de tir,
  • La mise au point d’un système dit à double  embrasement pour dissimuler l’arme de la vue des assaillants et de protéger des éboulements éventuels
  • Puis l’apparition des archères à plusieurs fentes horizontales (archère cruciforme à double, triple ou multiple croisillons).

Innovant ce dernier point avait de nombreux attraits en permettant une meilleure surveillance et facilitant le tir à l‘intersection des deux fentes mais il présentait l’inconvénient de fragiliser les murailles du fait de la multitude d’ouvertures créer.

Aussi le système fut revu au XIIIe siècle par la création d’une niche (sorte d’alcôve dans la muraille) qui réduit la distance entre l’arme et la fente de tir à des longueurs variant entre 0,50 m et 1,50m. Le principe c’est ensuite perfectionné par la réalisation d’une fente munie d'une terminaison parfois évasée (archère dite en étrier, en bêche ou en rame) pour augmenter la vue plongeante et faciliter les tirs plongeants en direction des fondations des remparts (l’évasement à la base de l’archère est appelé étrier).Dans le même esprit apparait l'arbalétrière, qui se distingue par une embrasure largement ébrasée vers l'intérieur, plus approprie au tir à l’arbalète.

 
 

Vers le milieu Du XIVe siècle, ces ouvertures sont progressivement remplacées par des fenêtres à grille.

Avec l’apparition des premières armes à feu les archères sont au fur à mesure modernisées pour devenir des archères-canonnières puis définitivement remplacées vers 1450 par les canonnières lorsque l'artillerie à feu supplante les anciens engins de défense.

A ce moment-là l’archère est agrandie vers le bas pour permettre le tir avec les nouvelles armes, subit la transformation nécessaire en fonction de l’arme de tir utilisé et adopte une appellation appropriée: arquebusière pour l'arquebuse, couleuvrinière pour la couleuvrine, bombardière pour la bombarde à la main, etc.

Parallèlement  se développent ce que l’on appelle les bouches à feu.  En fait c’est une archère avec des ouvertures plus ou moins élaborées en fonction de la direction du tir, de sa portée et de la protection. Les ouvertures de ce nouveau type sont de forme variée (rectangulaires, ovoïdales, ou circulaires), et sont largement évasées vers l'extérieur pour améliorer l'angle de tir.