Découvrir la Maison Henri IV

     
 

Bâtie aux XVIe siècle la Maison dite Henri IV est une construction à pans de bois sur deux niveaux à encorbellement avec en recouvrement un comble à surcroît. Son rez-de-chaussée est, depuis toujours, réservé aux activités d’artisanat ou de commerce.

Nul ne fait doute que cette maison n'est pas n'importe laquelle. Maison de riches marchands, de notables ou maison des corporations personne ne peut le dire aujourd'hui mais au regard du parement et des ornementations qu'elle affiche cette maison, qui a traversé les siècle, était une maison d'importance.

L’ossature principale de la maison est composée de piliers de bois courts dotés en leur sommet de pigeatres (des consoles ou culots soutenant des corbeaux en bois). Vous remarquerez aisément que les piliers courts du rez-de-chaussée reposent sur des blocs rocheux dit « pierres de coin ».

Les pans entre les piliers de bois courts sont constitués de nombreux éléments de bois (poteaux, entretoises, sablières et colombes) dont certains sont ornés de sculptures en creux ou rond de bosse (relief).

Au rez-de-chaussée les sablières entre chaque pilier de bois court sont décorées d’une frise avec en chaque extrémité une gueule d’animal ouverte. On peut observer que chaque frise présente une symbolique différente (entrelace de feuillages, suite géométrique, etc. ) dont certaines peuvent faire penser au transport de marchandises par voie navigable comme c'était le cas jadis sur l'Eure.

Au premier niveau, même si la façade a été remaniée par le percement d’ouvertures plus contemporaines, vous pouvez distinguer, à droite du deuxième pan à partir de la droite, une partie de la structure initiale. Elle est constituée d’une fenêtre haute et étroite à deux croisées avec une imposte en accolade qui repose sur une allège composée d'une sablière intermédiaire soutenue par des potelets. Le meneau central et les deux jambages sont ouvragés. Ils comportent à mi-hauteur l’amorce d’une arcature nervurée qui semble indiquer qu’à l’origine la fragmentation de cette ouverture vitrée était en quatre parties, les deux parties supérieures formant une imposte vitrée. Le reste de la façade est constitué, entre les piliers courts d'une alternance de hourdages à base de tuileaux et lattis recouvert d’une couche de chaux-plâtre et de colombes ouvragées de frises avec en en partie haute une représentation symbolique animale. Chaque pilier court comporte, en pigeâtre un décor formé de longues feuilles dentelées du type feuille d’aloès sauf ceux d’extrémité, les piliers cormiers de droite et de gauche, qui sont couronnés de griffons symbole de la vigilance, de la justice et de la protection également considérés comme les gardiens des valeurs de force et de courage durant tout le Moyen Âge.

Juste au-dessus la partie supérieure des pigeâtres, la face visible des corbeaux présente successivement (de gauche à droite) :

  • une face lisse autrefois certainement sculptée mais sans doute sacrifiée lors de la pose d'un système d'électrification, 
  • une sculpture de Saint Martin donnant son manteau à un indigent,
  • une sculpture d’un autre Saint, portant un livre ou un présent, dont on ignore le patronyme.

 

Sous la sculpture Saint Martin figure un médaillon dans lequel est sculpté une tête. Pour certains, dont Mr FJ Mauduit historien d’Ivry, il s’agit d’un profil de femme mais en regardant de plus près cette figure  correspondrait à la représentation vue de profil d'un portrait d'un chef amérindien de Nouvelle-France (Canada). Ce qui n''est pas impossible car il faut se rappeler qu’à Ivry le travail des peaux et du cuir était important. Or, l’histoire des normands (édition Nathan 1987) nous rappelle :

  • qu’en 1599 le roi accorda le monopole du commerce des fourrures à Tadoussac en Nouvelle-France à François Dupont-Gravé et à Pierre Chauvin.
  • que les deux marchands normands sont envoyés en 1603 vers les Amériques avec Champlain pour fonder Québec qui deviendra le lieu de départ de la colonisation française.
  • et, que dès 1627 les enfants indigènes de Québec et de Trois–Rivières sont envoyés en Normandie pour adoption.

Il n’est donc pas impossible, suite à cet épisode de l'histoire que dans ce cadre, des indigènes soient parvenus jusqu'à Ivry et qu'ils y aient entretenu le commerce et, de ce fait, laissé ce symbole en façade de cette maison.

La toiture, en tuiles plates repose sur une charpente en bois de châtaignier qui proviendrait de l’ancienne forêt plantée jadis autour d’Ivry. Elle recouvre les murs-pignons mais sans faire saillie au-dessus de leurs nus. A la pointe de chaque pignon s’élève une cheminée à double conduits en briques pleines. le versant tuilé côté rue Henri IV possède deux lucarnes capucines également appelées demoiselles, avec en croupe une sablière débordante formant un auvent avec en fronton découpé en forme de trèfle.

  
 

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