Première évolution fin Xe siècle début du XIe siècle

           
 

A la fin du Xe siècle jusqu'au début du XIe siècle, alors que le comte Raoul est toujours vivant, la Tour résidence d'origine subit une première transformation par l'accolement d'une tour carrée et d'une chapelle débordante. La conception générale est tout à fait nouvelle et diffère du modèle carolingien qui se résumait le plus souvent à des tours carrées ou rectangulaires construites jusqu'à présent un peu partout.

     

Vue éclatée de la construction fin Xe début du XIe siècle (Eric Follain) et tracé de l'emprise sur les vestiges 

 
 

Les deux nouvelles constructions, la chapelle et la tour donjon, qui y sont accolées font corps avec la construction initiale pour former un volume général en « L ».

La distribution n’est plus seulement verticale mais en tripartie avec une pièce palatiale (la tour résidence d'origine) et un ensemble composé d'une tour et d'une chapelle. l'ensemble est partiellement ceinturé d'un rempart au Nord, à l'Est et à l'Ouest

L’accès à la fin Xe siècle début du XIe siècle se fait à partir d’un escalier extérieur positionné au milieu de la face orientale dans l’angle formé d’un côté par le mur de la grande salle et de l’autre par la nouvelle tour. Le passage au milieu du mur Est de la grande salle primitive constitue le seuil d'entrée de la salle palatiale et contribue à faciliter la circulation entre l'ancienne tour résidence et le nouvel ensemble.

 

Plan de la forteresse au début du XIe siècle (E.Follain)

 
 

Architecturalement, la base de cette extension à la Tour résidence d'origine est constituée d’une première petite salle (aujourd’hui nommée cellier) suivie perpendiculairement d’une nef avec une abside semi circulaire orientée vers l'Est. L'ensemble se greffe sur l'angle Nord-Est du bâtiment primitif en retrait des deux contreforts d'angle. La présence de contreforts sur le pourtour extérieur de la nef et de l'abside (visibles de l'extérieur) laisse penser que l'ensemble était assez haut et que l'accès à la chapelle pouvait se trouver à l'étage (la partie que l'on peut voir aujourd'hui à l'intérieur, au niveau du cellier, pourrait correspondre à une crypte mais rien ne peut être affirmé). 

A la différence de la Tour résidence initiale, la maçonnerie de cet ajout n’est pas uniforme. On retrouve à la base des murs et sur l’intégralité du mur Sud un appareil en opus spicatum tandis qu’au-dessus, des autres assises, les parois sont érigées en opus incertum significatifs d’une reprise ultérieure. 
 

La petite salle (la première en entrant) est depuis le XIe siècle voûtée en berceau, alternée par des arcs doubleaux dont il ne reste plus que les emplacements, mais il semble qu’initialement cette espace (soubassement d'une tour) ait reçu un plafond bois (plancher du niveau supérieur) à la place de la voûte en berceau. L"éclairage de cette salle était assuré par deux fentes de jour ou archères situées l'une à droite de la porte d'accès au cellier (mur Sud), l'autre sur le mur Est .

    

     Plafond en croisée d'ogive de la chapelle             Fente de jour ou meurtrière           Passage en voûte d'ogive

Suite aux transformations successives la fente du jour ou de la meurtrière du mur Est ressemble aujourd'hui à un passage en voûte d’ogive dont l'usage n'est toujours pas établi. De par sa forme, il est fort probable qu'il soit d'une époque plus tardive. La présence d'un banc de veille sur son coté gauche pourrait accréditer qu'il s'agisse d'un coussiège (fenêtre archère) occulté lors de la construction de la tour flanquante sur la façade orientale. Sur le mur Sud on distingue aisément la trace de l'archère qui servait à défendre l’entrée principale du logis. Elle fut murée fin XIe début  XIIe siècle lors d'une autre phase d’extension de la forteresse.

  

Intérieur de la petite salle voûtée en berceau avec des arcs doubleaux et vue de la séparation avec la chapelle

La deuxième salle correspond à la première partie de la nef de la chapelle. La communication avec la première salle est assurée par un double passage voûté en moellons. A l'inverse de la salle (le cellier) qui précède (voûtée en berceau), elle est voûtée en croisée d’ogiveLa séparation des deux pièces et assurée par une double arcade plein cintre avec un gros pilier carré reposant sur une assise rectangulaire. Côté Est le prolongement de la nef vers l'abside de la chapelle est muré. Il est fort probable que cette condamnation de la seconde partie de la nef vers l'abside ait été effectué lors de la construction du nouveau donjon et d'une gaine de défense lors d'une phase d'extension postérieure.

  

          Partie murée de la chapelle                                        Abside de la chapelle vue de l'extérieur

Extérieurement, côté Est, on ne distingue de la chapelle que la partie haute de labside flanquée de contre-forts. Côté Nord on ne distingue plus le mur gouttereau** de la chapelle. En retrait par rapport à l’angle Nord-Est, il est aujourd’hui obstrué par un talus et surmonté de l’assise de la gaine de défense du donjon.

Une autre transformation importante intervient à cette époque avec la construction sur le pourtour du site d'une enceinte ou muraille. La muraille sur le flan occidental de la forteresse est renforcé par d’une tour de flanquement. Cette tour de flanquement dite en fer à cheval ou à gorge fermée sur la face occidental est accolée à l'extérieur de la muraille et domine le vallon qui mène à Saint André. D’une hauteur imposante en raison de sa position sur le flanc Ouest de l’éperon rocheux sur lequel repose la forteresse elle ne démérite pas par son diamètre (plus de 10 m). Les vestiges restants (visibles en montant à droite du chemin qui mène au château) nous interdisent d’affirmer de façon précise comment elle se terminait en partie haute. Mais on peut supposer que sa plateforme supérieure  correspondait au niveau du boulevard  actuel à l'Ouest. 

 
 

Les vestiges d’une porte sont encore visibles à ce niveau-là. La présence de trous de boulins indiquent la position de poutres qui devaient soutenir un plancher bois et une embrasure au niveau de l’arase actuelle nous indique que la tour comportait à cet endroit une archère sans doute longue et étroite. Le positionnement de l’archère et le repérage de trous laissés à l’emplacement des poutres autorise à penser qu’il y ait eu un plancher à un niveau inférieur au chemin de ronde. Compte tenu de la hauteur de la tour il n’est pas impossible qu’il y en eut plusieurs répartis sur la hauteur de la tour.

Chacun des niveaux possédant une ou plusieurs archères aurait été desservis par des échelles internes en bois dont l’accès selon toute vraisemblance devait se faire par le haut depuis la plateforme.

 
   

 
           
 

*   En architecture un contrefort est un renfort de maçonnerie saillant et massif élevé sur la face extérieure d'un bâtiment 

** Dans une construction, le mur gouttereau est le mur portant une gouttière ou un chéneau terminant le versant de toiture et recevant les eaux par opposition au mur pignon.

 
     
  Les dessins, plans, relevés architecturaux et images 3D de la forteresse figurant dans ces pages ont été réalisés par : Mr Robert BAUDET initiateur du projet de réhabilitation et réalisateur des premiers travaux de dégagement en 1968, Jean MESQUI Ingénieur des ponts et chaussées spécialiste de châteaux du Xe au XVe siècle, Éric Follain Docteur en archéologie artiste numérique et Dominique PITTE suite aux opérations de déterrement et de fouilles du château initiés en 1968 par le Club Archéologie, L'ensemble est le résultat des études et recherches réalisées par l’association les Vieilles Pierres sous l'égide de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) depuis 1989.