Traité de Saint Clair sur Epte

  

Le contexte 

Rollon, revenu d’Angleterre vers 898, entame des alliances avec les autorités en place qui vont le conduire à conclure avec l'archevêque de Rouen le « pacte de Jumièges » afin d'épargner la ville de Rouen.

Après une tentative infructueuse d’attaquer Paris en 911, son armée assiège Chartres mais elle est défaite en juillet 911 suite à une intervention conjointe des grands aristocrates du royaume : Robert 1er, à la fois duc des Francs et marquis de NeustrieRichard le Justicier, duc de Bourgogne et Manassès, comte de Dijon.

C'est le moment que choisit Charles le Simple pour négocier un traité avec Rollon qui n’est plus considéré comme un chef de bande obscure mais un puissant chef scandinave.

Le traité

Il n’y a plus de trace du traité signé en 911 mais  l’historien Dudon de Saint-Quentin (XIe siècle), nous en explique son contenu :

  • Charles III, dit le Simple, concède à Rollon la région comprise entre « l'Eurel’Epte et la mer ». Un territoire qui comprend les comtés ou évêchés de RouenÉvreux et Lisieux ainsi que le Pays d'Auge représentés en couleur sur la carte ci-dessous. 

  • En contrepartie Rollon accepte de se convertir, de recevoir le baptême et s’engage à assurer la protection du royaume, notamment contre ses compatriotes vikings qui seraient tentés de remonter la Seine

Rollon, sachant à qui il a à faire, tente de négocier plus tout en obligeant les francs à jurer sur leur foi chrétienne. Au terme de plusieurs jours de négociation il accepte les clauses. Selon les historiens au lieu de les pieds, comme c’est la coutume, Rollon pose ses mains dans celles de Charles le Simple en reconnaissance sa soumission à son souverain. 

Conformément aux clauses strictes du traité Rollon se convertit et se fait baptiser avec ses compagnons en 912 à Rouen. Pour l’histoire on retiendra que malgré que sa conversion ne soit pas franchement sincère son fils Guillaume Longue Epéé sera élevé dans la religion chrétienne. 

Dans le respect du traité Rollon arrête ses attaques contre les terres du roi Charles le Simple et empêche que d’autres flottes vikings remontent la Seine pour piller les terres.

Les limites de son territoire sont alors définies par des cours d’eau : la Bresle, l’Epte, l’Eure, l’Avre, la Touques et la Dives.

  Les conséquences

Ce traité est important car il s’agit d’une donation et non de terres cédées en bénéfice comme c’est de coutume entre vassal et suzerain. Rollon par ce fait devient quelqu’un de très important avec des pouvoirs régaliens et jouit ainsi de terres pour lui et ses héritiers.

Bien que  Rollon n’ait pas pris le titre de duc mais ait conservé celui de Jarl des Normands (prince ou comte), selon les usages de l’époque son rang lui confère la plupart des attributs dévolus à la puissance royale, y compris le contrôle de l’Église.

Grace au poids des archevêques qui font autorité ecclésiastique à Rouen, Rollon va étendre son territoire et agrandir dès 924 vers l’Ouest le Duché de Normandie en soumettant Bayeux (plus tard, en 933, son fils  Guillaume Longue-Epée intégrera Coutances et Avranches).

En théorie le Duché de Normandie est né mais Il faudra attendre 940 que Guillaume Longue-Epée, fils de Rollon second duc de Normandie, prête «hommage en marche» (serment) au roi de France Louis IV pour que les terres frontalières soient admises et l’année 945 pour que Louis IV et les Grands du royaume reconnaissent l’indépendance totale du duc et du Duché de Normandie vis à vis du royaume de France.