15- Intérieur Tour d'origine

     
 

 

Vous voici dans le cœur même de la tour d’origine du Xe siècle totalement remis à jour par de jeunes bénévoles après des années d’effort entre 1968 et 1980 et plus de 2000 m3 de remblais extraits sur plus de 5 m de hauteur.

Dès l’entrée le regard est attiré par le revers des jours que nous avons décrits lorsque nous étions en façade Ouest de la tour. Toujours de forme oblongue (longue, étroite, arrondie en partie haute et formant une ouverture en sablier) ces jours ont une largeur surprenante de ce côté du mur et atteste de leur double utilité, défensive et fonctionnelle, voulue par l’architecte Lanfred en ces temps souvent incertains. On comprend mieux la volonté de faire pénétrer la lumière en ces pièces immenses et très sombres. Très endommagés lors de leur découverte en 1975, les jours, tels que vous les voyez, ont été restaurés à l’identique lors d’une opération de sauvegarde en 1995.

La tour était composée d’une grande salle par niveau. Chaque niveau, desservi par un escalier dont nous n’avons aucune trace, correspondait à une fonction précise. Compte tenu des vestiges nous n’avons aucune certitude sur le nombre de niveau ayant pu exister au Xe siècle (et même plus tardivement) avant que l’espace où vous vous trouvez soit transformé en une cour. Selon toute probabilité le niveau du sol où vous êtes serait celui des communs qui, devait être, au vu des trous de boulins originellement plus bas. Au-dessus il devait y avoir la grande pièce commune appelée "Aula" (la salle d'apparat dans les temps anciens). Le seigneur y vivait le jour avec les siens, prenait ses repas, gérait les affaires et recevait toutes les personnes qui le désiraient. Au-dessus un autre niveau, sous les combles, appelé "Camera" (chambre en italien) faisait office d’appartement privé. Parfois les combles étaient aménagés pour loger les domestiques, mais rien ne prouve qu’à Ivry, cela, ait pu être le cas.

La présence d’un lit d’ardoise lors des fouilles, confirme l’existence d’une toiture en ce matériau alors que dans d’autres secteurs, c’est la tuile qui dominait.

La seule preuve d’un étage est donnée par le retrait d’élévation du mur à près de 4 m au-dessus du sol en haut du mur qui fait face aux jours (décalage surligné par une ligne verte de végétation qui s’est développée à ce niveau). Les planchers étaient constitués de poutres d’une seule pièce taillées dans de grands arbres appelés bois long et étaient soutenus par des piliers de même nature à intervalle régulier.

Fin XIe début XIIe siècle lorsque la base de la tour fut emmottée, les jours furent obstrués en pierres grossières et l’espace transformé en commun, très sombre auquel on accédait via un escalier.

Le mur qui fait face aux jours présente au regard plusieurs appareils en pierres : à la base, et sur plusieurs mètres, l’opus spicatum confirme le périmètre de la Tour d’origine. Au-dessus, l’appareil en opus incertum indique clairement que le mur d’origine a été reconstruit lors des transformations successives qui ont modifié la configuration de la tour d’origine édifiée par l’architecte Lanfred.

A la suite de ce pan de mur, un passage de 2 m indique qu’il y eut à cet endroit une porte d’accès à la tour d’origine du Xe siècle. Le passage, doté de piedroits ou jambages  façonnés de retraits, confirme qu’il était équipé de deux portes à deux vantaux.  

Au-delà du passage en allant vers la droite vous découvrez que le mur laisse apparaître un renfoncement en creux avec au centre, en partie haute, un début d’ouverture ressemblant à une meurtrière tournée vers l’extérieur.  Cela prouve, que dans un premier temps, la construction de la tour ne s’est pas faite sur toute la longueur côté Est et que de l’autre côté du mur c’était le vide et la vue directe sur le flan Est de l’éperon rocheux. D’où l’hypothèse qu’avant l’extension des celliers, derrière ce mur, il y avait un escalier en bois qui desservait le passage d’accès à la tour.

Dans l’angle Sud-Est, une tourelle avec l’amorce d’un escalier à vis en encorbellement renseigne l’évolution des communications internes de la forteresse à partir du XIVe siècle. Nous vous l’avons décrit alors que vous étiez façade Sud, un seuil en partie haute du mur indiquait un passage entre la construction du XIVe-XVe siècle et des logements construits au-dessus des celliers aux époques précédentes. Ce seuil débouche dans cet escalier avant de desservir un petit espace carré et les autres pièces à l’étage. Vous remarquerez les pierres en forme de double tore qui forment l’encorbellement de l’escalier. Elles précisent la date de reconstruction de la face Sud de la Tour d’origine : fin XIIIe début XIVe siècle. Au pied et un peu en avant de cette tourelle vous pouvez voir au sol un puits qui s’inscrit dans l’inattendue courbure concave de la base de la tourelle. Nul ne sait de quand date ce puits : avant ou au moment de la transformation de la tour d’origine en cour ouverte au XIIIe siècle?  Il aurait plus de 70 mètres de profondeur (niveau de la nappe phréatique au pied de l’éperon) mais rien n’est sûr. Plus vraisemblablement le puits serait alimenté par l’eau d’une source plus au Nord qui viendrait alimenter par capillarité le puits. La forme de la base de la tourelle serait due à la présence d’un dispositif pour remonter l’eau.

En poursuivant le pourtour de la Tour d’origine, vous vous retrouvez face au revers du mur façade Ouest avec ses jours.

Alors que dans l’angle Sud-Ouest vous remarquez un amas de pierres, dans la partie haute à gauche, vous pouvez distinguer le seuil d’un passage créé lors de de la création du boulevard Ouest suite à la construction du châtelet au XIIIe siècle. Il marque le début d’un escalier qui descendait un peu plus bas qu’au niveau où vous êtes. L’une des premières marches et quelques céramiques découvertes, en 2007, au pied du premier jour de ce côté, indiquent à peu près le démarrage de l’escalier. Il était édifié tout en pierre avec de larges marches reposant sur des voûtes en demi-arcs cintrés butant sur des poteaux intermédiaires. La dernière voûte supportant le palier au niveau du seuil.

Au terme de cette visite de la cour vous êtes sans doute attiré par l’amoncellement de pierres dans l’angle Nord-Est, à droite du passage voûté par lequel vous êtes entré. Ce sont les restes d’un four à pain, certainement construit lors de la transformation de la tour d’origine en cours au XIIIe siècle. Encore en partie présent au début des années 2000 le four s’est progressivement délité (désagrégé) par érosion et au non-respect de cet espace par les visiteurs.

Pour être complet nous vous dirons qu’un peu plus loin (sous la grosse pierre de taille le long du mur) l’équipe en charge des sondages en 2008 a découvert un bas fourneau aujourd’hui recouvert et marqué de cette pierre pour sauvegarde. Le bas fourneau est un four qui servait à fondre toutes pièces en étain, plomb ou alliage quelconque pour faire ou refaire des éléments nécessaires à la construction ou des pointes de flèche ou des carreaux d’arbalète.

 

 
 

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